Comprendre son rôle dans la promotion de la santé mentale en milieu de travail

Les employeurs, les gestionnaires et les ressources humaines ont un grand rôle à jouer en instaurant un milieu de travail sain et en répondant de manière proactive aux besoins individuels des employés, autant dans l’intérêt du personnel que du bénéfice net de l’entreprise.

Quand vous prenez des mesures pour que le milieu de travail soutienne les personnes qui ont une maladie mentale ou une dépendance, souvenez-vous que votre rôle n’est pas celui d’un conseiller, mais qu’il consiste à favoriser une culture organisationnelle équitable et respectueuse. Votre compréhension et votre engagement en faveur de la santé de vos employés peuvent être très encourageants pour les personnes qui doivent demander de l’aide. Si vous vous renseignez, vous pourrez orienter les employés vers les services de soutien en santé et les services communautaires appropriés. Gardez à l’esprit que, pour la plupart des gens, la première étape doit être leur médecin de famille.

Pour créer un milieu de travail sain, respectueux et équitable

  1. Veillez à ce que tous les employés connaissent l’existence du Programme d’aide aux employés et à la famille (PAEF) et du régime d’assurance collective, le cas échéant. Insistez sur le fait que ces services sont confidentiels et encouragez toute personne susceptible d’avoir besoin d’aide à communiquer avec le fournisseur de services.
  2. Donnez aux gestionnaires, aux responsables des ressources humaines et au personnel une formation à des programmes tels que L’Esprit au travail, qui leur apprendra à déceler les problèmes de santé mentale et de dépendance à un stade précoce, chez eux-mêmes et chez les autres, et à réagir à ces problèmes pour trouver la meilleure issue pour tout le monde.
  3. Comme pour n’importe quelle autre maladie, assurez-vous d’avoir des politiques en place pour favoriser la reprise précoce du travail et prévoyez un horaire souple de retour au travail. Si un membre du personnel a une maladie mentale ou un problème d’usage de substances, il aura besoin de soutien pendant qu’il se rétablit.
  4. Prenez des mesures proactives pour promouvoir un milieu de travail sain. Commencez par identifier et éliminer tout risque ou danger en milieu de travail. Encouragez une conciliation saine du travail et de la vie personnelle, établissez des attentes raisonnables et claires ainsi que la bonne forme physique, et offrez des scénarios de travail flexible. Cela contribuera à une main d’œuvre en santé, une augmentation de la productivité et à une augmentation de la rétention du personnel.

Ressources et outils utiles à portée de la main

Plusieurs ressources ont été mises au point et sont proposées en ligne pour aider les employeurs à gérer les problèmes de santé mentale et d’usage de substances en milieu de travail. Parmi celles-ci, vous trouverez des renseignements pratiques, des ressources et des outils concernant la sensibilisation, la promotion, la résolution de problèmes en milieu de travail, les approches saines de gestion du rendement et du changement ainsi que d’autres sujets du domaine de la santé mentale et de l’usage de substances.

Premiers soins en santé mentale : Inscrivez-vous à des formations qui vous aideront à comprendre les maladies mentales et à mieux réagir si quelqu’un est aux prises avec une crise de santé mentale.

L’Esprit au travail : Un programme éducatif de la Commission de la santé mentale du Canada conçu pour promouvoir la santé mentale en milieu de travail.

Mental Health Works (en anglais): Un projet de l’Association canadienne pour la santé mentale qui vise à augmenter la capacité des lieux de travail canadiens à répondre efficacement aux enjeux liés à la maladie mentale.

Un cadre de leadership pour la promotion de la santé mentale en milieu de travail (en anglais): Des personnalités du monde des affaires plaident en faveur de milieux de travail qui favorisent la santé mentale et donnent les outils afin d’y arriver.

Protégeons la santé mentale au travail : Ressources gratuites pour promouvoir et protéger la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail.

Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale : Developed by the Great-West Life Centre for Mental Health in the Workplace, all kinds of tools, reading, and resources for creating healthy, supportive work environments.

La Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail : Cette norme, dont l’application est volontaire, est une série de mesures, d’outils et de ressources qui visent la promotion de la santé mentale des employés et la prévention des préjudices psychologiques susceptibles d’être causés par des facteurs liés au travail.

Parler à votre employeur

« Vais-je perdre mon emploi parce que ma patronne pense que je ne suis pas faite pour ce travail à cause de ma maladie mentale? »

« Est-ce que mes collègues vont refuser de travailler avec moi à cause de mon problème d’usage de substances? »

« Est-ce que tout le monde va me juger? »

Décider d’en parler à votre employeur

Vous ne voulez peut-être pas discuter au travail de votre maladie mentale ou de votre usage de substances par crainte des conséquences. Vous ne voulez pas que les gens vous traitent différemment ou vous craignez de perdre votre emploi. Pourtant, franchir ce pas peut vous aider à vous rétablir. Si vous envisagez d’informer votre employeur de votre maladie mentale, vous devez savoir que vous avez le droit de ne pas être victime de discrimination au travail en raison d’une maladie, et cela inclut les maladies mentales.

Il existe de nos jours des protections pour les gens qui veulent divulguer leur maladie. Toutefois, la réalité est que chaque lieu de travail est différent et que le choix vous appartient d’informer ou de ne pas informer votre employeur. Certains employeurs se montreront totalement compréhensifs et vous soutiendront. D’autres apprennent peut-être encore à faire tomber les mythes qui entourent les maladies mentales et les problèmes d’usage de substance.

Si vous envisagez de révéler votre maladie, demandez-vous si vous obtenez l’aide dont vous avez besoin (au travail et ailleurs) et considérez votre milieu de travail. Sachez que vous bénéficiez d’une protection contre la discrimination en raison d’une maladie et ayez aussi conscience de vos responsabilités envers votre employeur s’agissant de concilier la nécessité d’un travail productif d’une part et le traitement ainsi que la gestion de votre maladie d’autre part.

Votre choix et votre responsabilité

Avoir une maladie mentale ou un problème d’usage de substance ne vous empêche pas d’avoir des objectifs et des ambitions ou encore d’être un membre apprécié d’une équipe. C’est possible grâce à un milieu positif et compréhensif, mais vous devrez peut-être prendre la décision – parfois difficile – de dire à votre employeur ce dont vous avez besoin.

Les employeurs ainsi que les employés ont des responsabilités lorsqu’il s’agit de créer un milieu de travail sain. Votre maladie mentale n’a peut-être aucune incidence sur votre travail, mais si elle en a une, vous avez besoin de dire à votre employeur que vous avez un problème de santé et d’expliquer l’aide dont vous avez besoin pour pouvoir travailler. Votre employeur n’a pas à connaître votre diagnostic, mais il peut avoir besoin de renseignements supplémentaires de la part de votre fournisseur de soins de santé, afin de vous apporter le soutien dont vous avez besoin.

Les avantages d’en parler à votre employeur

  • C’est le meilleur moyen de connaître les programmes de votre employeur pour aider les personnes qui ont une maladie mentale ou un problème d’usage de substance (il en existe peut-être plus que vous ne le pensez), par exemple un programme d’aide aux employés et à la famille ou des ressources couvertes par votre régime d’assurance collective.
  • Vous et votre employeur pouvez vous entendre sur des mesures d’accommodement au niveau de vos responsabilités professionnelles pendant votre rétablissement. Ces mesures peuvent inclure un congé de maladie, des heures de travail flexibles ou un ajustement de vos responsabilités, des mesures semblables à celles prises pour n’importe quelle autre maladie.
  • Ne plus avoir le sentiment de cacher sa maladie peut être un grand soulagement.

La conversation

La conversation à propos de votre maladie sera peut-être plus facile si vous la préparez en réfléchissant à ce que vous pourriez dire.

  • Décidez à qui parler. Si vous éprouvez de la nervosité à l’idée d’avoir cette conversation, choisissez quelqu’un en qui vous avez confiance. Il peut s’agir de votre superviseur, mais il peut aussi s’agir d’une personne des ressources humaines.
  • Demandez un entretien privé. Vous vous sentirez plus à l’aise et votre employeur saura que le sujet est confidentiel et exige de la discrétion.
  • Réfléchissez à la façon dont vous allez décrire votre maladie. Si vous êtes à l’aise de discuter de votre santé mentale ou de votre problème d’abus de substance, vous pouvez le faire. Cependant, vous pouvez également parler en des termes plus généraux d’un problème médical ou d’une maladie.
  • Parlez des effets de votre maladie au travail.Il se peut que votre maladie n’ait aucune incidence sur votre capacité à faire votre travail. Il se peut aussi que certaines responsabilités ou situations aggravent votre maladie. Discutez des moyens d’adapter vos tâches pour vous permettre de faire un travail productif à votre poste tout en gérant votre maladie. Il incombe aux employés d’être un membre productif au sein de leur équipe, mais il incombe aussi aux employeurs d’assurer des accommodements raisonnables.
  • Donnez-vous de l’assurance en parlant de vos atouts et de votre enthousiasme pour votre travail. Parfois, nos propres angoisses à propos de la maladie mentale ou de l’usage de substances sont plus intenses que les doutes que peut avoir une autre personne. C’est pourquoi il est bon de vous rappeler à vous-même et de rappeler aux autres que vous faites bien votre travail.
  • Proposez des renseignements additionnels pour que votre employeur se familiarise avec votre maladie. Vous pouvez contribuer à un milieu de travail positif en fournissant des renseignements additionnels qui peuvent aider votre employeur à mieux comprendre la situation.

Aider les collègues

Les collègues peuvent aider à créer un environnement compréhensif

Il est souvent difficile de trouver un équilibre entre les limites professionnelles et personnelles, mais apprendre à apporter un soutien adéquat à une personne qui a une maladie mentale ou un problème d’usage de substances en milieu de travail conduit à un milieu de travail plus sain pour tous. Vous pouvez faire la promotion de zones sans jugement où parler, écouter et apprendre entre collègues.

  • Si une personne avec qui vous travaillez vous annonce qu’elle a une maladie mentale ou une dépendance, demandez-lui quelle aide elle voudrait recevoir ou dites-lui simplement : « Que puis-je faire? » Offrir de l’aide est une marque de soutien et d’inclusion dont ont souvent besoin les personnes qui vivent avec des problèmes de santé mentale ou de dépendance et qui apprennent à gérer un nouveau diagnostic ou s’engagent sur la voie du rétablissement.
  • Une oreille amicale qui écoute en faisant preuve d’ouverture constitue un puissant allié dans la lutte contre la maladie mentale et l’usage de substances.
  • Renseignez-vous le plus possible sur le type de maladie mentale ou de dépendance de votre collègue. De nombreux mythes circulent et, en vous renseignant, vous pouvez être un soutien informé et engagé.
  • Sauf si vous croyez qu’il existe un risque immédiat qu’une personne avec qui vous travaillez se fasse du mal ou fasse du mal à autrui, respectez sa vie privée comme vous le feriez dans n’importe quelle situation impliquant des renseignements de nature délicate. Ce qu’elle choisit de vous confier n’est pas nécessairement de l’information qu’elle souhaite partager avec d’autres collègues.

Entamer la conversation

Un des obstacles les plus difficiles à surmonter est de trouver les mots justes pour parler de maladie mentale et d’usage de substance. C’est difficile pour les personnes qui les vivent comme pour leur famille, leurs amis et leurs collègues. Si la personne concernée fait partie de vos collègues ou amis, voici quelques conseils pour vous aider à briser le silence et à lutter contre la stigmatisation :

  • Dites à la personne que la conversation restera entre vous tant que vous saurez qu’elle et son entourage sont en sécurité. La crainte de la stigmatisation peut être accablante, surtout en milieu de travail; il est donc important de favoriser la confiance.
  • Posez des questions ouvertes du type « comment te sens-tu? » plutôt que des questions fermées comme « es-tu triste? ».
  • Souvenez-vous de votre rôle : vous êtes un ami, pas un conseiller ni un médecin. Vous pouvez suggérer des programmes à l’intention des employés ou des groupes communautaires qui pourraient être utiles, mais, avant toute chose, écoutez et exprimez votre soutien; n’essayez pas de remettre la personne sur pied ni de poser un diagnostic.
  • Reconnaissez les sentiments que la personne exprime et n’essayez pas de les changer, mais encouragez la santé et le bien-être en général. Parlez de ce que vous faites pour réduire le stress et demandez à la personne ce qu’elle fait. Encouragez-la à prendre soin d’elle-même.

Mythes et réalités

Mythe 1 : La maladie mentale n’est pas une vraie maladie.

Réalité : On pense parfois que la maladie mentale n’est qu’une incapacité à faire face aux hauts et aux bas de la vie, mais ce n’est pas le cas. La maladie mentale entraîne de la détresse. C’est un vrai problème de santé dû à un déséquilibre chimique dans le cerveau, et il existe des traitements efficaces. Quand une personne se casse le bras, on ne s’attend pas à ce qu’elle « reprenne le dessus ». On ne lui reproche pas non plus d’avoir besoin d’un plâtre, d’une écharpe ou d’un autre type d’aide au quotidien pendant qu’elle se rétablit. Il devrait en aller de même pour ce qui permet de se rétablir d’une maladie mentale ou d’une dépendance, qu’il s’agisse de counseling, de médicaments ou de compassion.

Mythe 2 : Je ne serai jamais affecté par une maladie mentale ni par l’usage de substances.

Réalité : Nous serons tous touchés par une maladie mentale ou une dépendance au cours de notre vie. Vous ne serez peut-être pas vous-même aux prises avec une maladie mentale ou un problème d’usage de substances, mais il est très probable que ce sera le cas d’un membre de votre famille, d’un ami ou d’un collègue. En fait, les chercheurs estiment que près d’un Canadien sur cinq a une maladie mentale ou d’un trouble d’usage de substances, au cours d’une année donnée.

Mythe 3 : Une maladie mentale n’est qu’une excuse pour mal se comporter.

Réalité : Certaines personnes qui ont une maladie mentale peuvent agir d’une façon qui est inattendue ou qui semble étrange. Cependant, il faut garder à l’esprit que c’est la maladie et non la personne qui est à l’origine de ces comportements. Personne ne fait le choix d’avoir une maladie mentale. Les gens dont le comportement change en raison d’une maladie mentale sont parfois embarrassés ou éprouvent de la honte devant les autres. De plus, il est vrai que les personnes qui ont une maladie mentale sont comme tout le monde : elles font parfois de mauvais choix ou ont des gestes inattendus pour des raisons qui sont sans rapport avec les symptômes de leur maladie.

Mythe 4 : On ne se rétablit pas d’une maladie mentale ou d’une dépendance.

Réalité : Les personnes qui vivent avec une maladie mentale ou une dépendance peuvent se rétablir. Il existe de nombreux types de traitements, de services et de soutien qui peuvent aider. Personne n’a à craindre de se sentir mal pour toujours. En fait, les personnes qui ont une maladie mentale ou un problème d’usage de substances peuvent mener une vie productive et réussie. Elles travaillent, elles font du bénévolat et elles mettent leurs talents et leurs capacités au service de leurs communautés. Même lorsque les personnes ressentent les symptômes d’une maladie mentale ou d’usage de substances pendant une longue période de temps, elles peuvent apprendre à gérer leurs symptômes pour pouvoir se concentrer de nouveau sur leurs buts et avoir une bonne qualité de vie. 

Mythe 5 : Les gens qui ont une maladie mentale sont faibles et ne peuvent pas gérer le stress.

Réalité : Le stress a un impact sur le bien-être, mais c’est ainsi pour tout le monde. En fait, les personnes qui ont une maladie mentale gèrent parfois mieux le stress que les personnes qui n’en ont pas. De nombreuses personnes qui ont une maladie mentale apprennent à gérer le stress et à résoudre les problèmes pour pouvoir faire face au stress avant qu’il n’affecte leur santé et leur bien-être. Prendre soin de soi et demander de l’aide quand on en a besoin est un signe de force et non de faiblesse.

Mythe 6 : Les personnes qui ont une maladie mentale ne peuvent pas travailler.

Réalité : Compte tenu du fait qu’un Canadien sur cinq est atteint d’une maladie mentale, de nombreux milieux de travail ont parmi leurs employés des personnes qui vivent avec une maladie mentale ou un problème d’usage de substance, et/ou qui sont en voie vers le rétablissement. Cela montre qu’avec le traitement et l’aide appropriés, la plupart des gens continuent à mener une vie professionnelle productive et réussie. La plupart des personnes qui ont une maladie mentale grave veulent travailler, mais elles se heurtent souvent à des obstacles systémiques qui les empêchent de trouver et de conserver un emploi significatif.